Béton à impact réduit

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Quel béton pour demain ?


Le béton, matériau de construction omniprésent dans notre vie quotidienne, joue un rôle clé dans le secteur de la construction. Sa production traditionnelle est cependant souvent associée à une empreinte carbone significative. Pour répondre aux défis environnementaux actuels, de nombreux chercheurs, ingénieurs et entreprises du monde entier se sont engagés dans la création de bétons bas carbone. Etat lieu sur le béton à impact réduit et ses enjeux.

AU SOMMAIRE:

Béton à impact réduit : de quoi parle-t-on ?

Le terme béton « bas carbone » est plus largement utilisé mais ne fait pas l’objet d’une définition officielle s’appuyant sur un cadre normatif ou réglementaire. Ces bétons doivent répondre aux seuils de la RE 2020. Ils correspondent à des bétons qui, pour des propriétés, des performances, des qualités d’usage et une durabilité équivalente à celles d’un béton de référence, génèrent des émissions de gaz à effet de serre inférieures à celles de celui-ci.

Pierre Antoine d'Argento
Délégué Régional Centre EstDélégué Régional Centre Est
Syndicat National du Béton Prêt à l'Emploi (SNBPE)

Pierre Antoine d’Argento

Délégué régional Centre Est du Syndicat National du Béton Prêt à l’Emploi (SNBPE)

La filière est en ordre de marche

“Nous avons un véritable rôle de chercheurs mais aussi de démonstrateurs à jouer pour montrer notre capacité à répondre aux exigences et à poursuivre la feuille de route.


“En matière de béton, la France a toujours été pionnière avec le Japon et les Etats-Unis. Aujourd’hui, quasiment toute la filière peut fournir du béton bas carbone avec une offre répartie sur tout le territoire. Depuis la RE 2020, la difficulté reste plutôt dans la demande. S’ajoutent les événements internationaux que nous avons vécu ces dernières années, l’impact sur le prix des matières premières, tout le processus a été ralenti même si nous restons dans les starting-blocks. Lyon reste pourtant un véritable laboratoire du bas carbone. Les acteurs de la filière sont aujourd’hui capables de proposer des solutions en lien avec leur ancrage territorial. Les solutions sont hétérogènes selon la géologie des territoires. La RE 2020 a été un réel accélérateur pour mettre en avant les solutions qui étaient déjà en gestation dans les services R&D. Avec l’obligation de respecter les seuils, la demande devient croissante.

Suivre la feuille de route 2030

Nous avons des produits qui sont émetteur de gaz effet de serre. Nous avons cherché à baisser le seuil des produits, travaillé sur nos émissions de CO2 pour franchir les seuils de la RE 2020. Les ciments étaient déjà assez bas carbone mais ne répondaient pas à toutes les exigences de chantiers avec des contraintes d’utilisation, notamment l’hiver. De nouveaux liants ont été expérimentés et la formation même des bétons a été retravaillée. Les process de fabrication ont été revus pour répondre à toutes les exigences des chantiers. La mise en place de nouveaux contrats d’énergie et une utilisation maîtrisée du matériel roulant a été mis en place . Nous avons à jouer un véritable rôle de chercheur mais aussi de démonstrateur pour montrer la capacité de répondre aux exigences et de poursuivre la feuille de route jusqu’en 2023. C’est un véritable enjeu de filière et de métier. La première préoccupation a été de répondre à la RE 2020 tout en démontrant que nos solutions étaient aussi bien dans le focus. En 2025, nous passerons les seuils et sommes à la recherche de solutions moins impactantes”.

Deux centres techniques mondiaux
sur le territoire

Deux centres techniques mondiaux (Vicat et Lafarge) sont implantés sur notre territoire ce qui positionne Lyon et sa région comme tête de pont et laboratoire du béton à impact réduit.  

Laure Helard

Déléguée générale France Ciment.

“ Diminuer par deux les émissions du ciment, d’ici 2030 ” 

Un ciment décarboné, partie intégrante de la transition écologique, est possible avec la réduction de moitié des émissions du secteur dès 2030, par rapport à 2015.

France Ciment, (anciennement Syndicat Français de l’Industrie Cimentière) a dévoilé, le 25 mai, sa nouvelle feuille de route pour répondre aux grands enjeux de décarbonation. 

Objectif : des émissions diminuées par deux dès 2030 et une accélération de la décarbonation des process. Un moment charnière pour l’industrie française du ciment. Le point avec Laure Helard, Déléguée générale de France Ciment.

Votre feuille de route 2030 annonce une trajectoire ambitieuse. Quels sont les leviers d’actions? 

“ L’industrie cimentière est engagée dans une profonde transformation pour répondre aux grands enjeux de décarbonation et de souveraineté industrielle. Un scénario ambitieux qui vise -50 % d’émissions dès 2030, en accélérant la décarbonation des process. Cette nouvelle feuille de route fixe le cap pour une industrie française du ciment décarbonée et compétitive, partie intégrante de la transition écologique. Ses objectifs sont ambitieux et reposent sur deux piliers : d’une part l’accélération des solutions de décarbonation déjà existantes et d’autre part le déploiement des solutions de captage du carbone, inhérent à la fabrication du ciment. Les leviers d’actions existent bien évidemment déjà, et nous allons aller plus vite et plus loin. Les investissements sont en cours avec des réalisations concrètes sur plusieurs sites, soit pour moderniser le process et améliorer l’efficacité énergétique, soit pour ouvrir de nouveaux ateliers et produire des substituts au clinker.

Le captage du CO2 , une nécessité

Deuxième levier :  le déploiement des solutions de captage du carbone inhérent à la fabrication du ciment. 2/3 des émissions de l’industrie cimentière sont liées à la cuisson du calcaire et de l’argile. Pour « s’attaquer » à ces émissions, le déploiement des technologies de captage, stockage et valorisation du CO2 (CCS et CCU) est incontournable. Dès 2030, le secteur pourrait capter 2,4 MT de CO2 (non biogénique), soit 40 % du potentiel de carbone qui serait capté à terme en 2050. Une fois ce CO2 capté, il sera soit stocké ou utilisé pour d’autres applications, par exemple dans la fabrication de produits à valeur énergétique et en particulier de carburants synthétiques (e-fuels). ”.

Source France Ciment

L’industrie cimentière est-elle prête pour cette accélération ?

Techniquement, l’industrie cimentière est prête, et les industriels investissent massivement. La feuille de route de décarbonation du secteur cimentier trace un chemin ambitieux, réaliste qui s’accompagne de prérequis, notamment, l’accès à une électricité décarbonée et compétitive. Sans un soutien clair du gouvernement, la filière française du ciment pourrait bientôt se trouver en perte totale de compétitivité face à des importations de ciments ne devant pas faire face aux coûts de la décarbonation. Il appelle au développement de solutions de financement innovantes adaptées à cette nouvelle donne.”

  • Sur les 10 MT de CO2 émises chaque année par le secteur du ciment, soit 2% des émissions de la France, les 2/3 sont inhérentes à la fabrication du clinker (composant carboné du ciment).
  • La teneur en clinker des ciments français réduite à 62 % en 2050 (vs. 75 % en 2021 et 68 % en 2030) 

Zoom sur des bétons expérimentaux…

  • Du béton Géopolymère
    Les bétons géopolymères sont un complément au béton traditionnel. Ils utilisent des matières premières alcalines, telles que la silice et l’alumine, pour activer les réactions chimiques responsables de la prise du matériau. Les bétons géopolymères peuvent avoir une empreinte carbone plus faible que le béton Portland, et leur durabilité les rend adaptés à une gamme d’applications de construction.
  • Un Béton à Base de Déchets ?
    Une autre approche innovante consiste à utiliser des déchets comme matériau de base pour la production de béton. Des matériaux tels que les déchets de verre, les déchets de construction recyclés (béton de granulats récyclés ), ou même les coquilles d’huitres sont intégrés dans le béton pour réduire l’utilisation de ressources naturelles et minimiser les déchets.